Un témoignage de Colette Hérode
Colette Hérode, membre de l’asbl Ciréfasol, nous fait partager une expérience riche en découvertes et en émotions
A 68 ans, institutrice à la retraite depuis septembre 2018, pouvoir mettre cette profession que j’ai choisie par passion au service d’autrui me réjouit et c’est en janvier 2020 que commence mon histoire qui compte aujourd’hui trois chapitres…
Dès le 2 janvier, je rencontre le lundi et le jeudi après-midi trois ‘amigrants’1 adultes non scolarisés : un Sénégalais qui parle et comprend un peu le français, une Afghane et un Afghan qui découvrent notre langue. Leur envie d’apprendre pour faciliter leur intégration est telle qu’ils maîtrisent rapidement un vocabulaire important. Très vite, on peut jouer de petites situations de la vie quotidienne : on décline son identité, on demande son chemin mais on renseigne aussi, on découvre les premiers jeux de société et leurs règles…
Les rencontres sont animées, riches en découvertes et en émotions. On ne se comprend pas toujours, mais les mimiques et les mains sont de très bons moyens de communication qui déclenchent en plus de grands fous rires. Le jeudi, après les adultes, avec Jacqueline, nous partageons une heure avec les quelques enfants du centre qui fréquentent les écoles primaires spadoises. Le Covid 19 nous sépare brutalement en mars et la fermeture du centre de Spa-Vecqueterre en mai met un point final à ce beau projet.
Fin août 2020, une demande pour accompagner dans sa scolarité une petite Syrienne me tente. C’est ainsi que depuis la rentrée de septembre, cette petite fille de dix ans vient à la maison tous les jours (à l’exception du dimanche) pour faire ses devoirs, étudier ses leçons. Elle aussi a une grande soif d’apprendre et si oralement, elle se débrouille très bien, la lecture, la compréhension et l’écriture restent des obstacles que nous nous entraînons à franchir et les résultats sont encourageants. Quelle fierté pour cette enfant de récolter le fruit de ses efforts et d’être une élève parmi les autres au sein d’une classe de 3ème primaire.
A côté de cela, depuis la mi-décembre, c’est avec une jeune maman originaire du Salvador et résidant au centre de Sart-Jalhay que j’échange en visioconférence deux fois par semaine pendant ¾ d’heure. Elle aussi maîtrise déjà bien notre langue, mais souhaite améliorer la construction de ses phrases et enrichir son vocabulaire en l’affinant afin de pouvoir suivre la scolarité de son petit garçon. A sa demande, nos sujets de conversation sont à thème (les objets classiques, la vaisselle, les meubles, les liens de parenté, etc.). Pour mon plus grand plaisir, chaque semaine, une guide exceptionnelle m’emmène à la découverte du Salvador, de ses coutumes, de son folklore… Quelle chance j’ai !
Des histoires différentes où chacun est toujours acteur de ses apprentissages, où la confiance et le respect mutuels sont toujours prioritaires, où la convivialité et la bonne humeur sont toujours au rendez-vous.
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Colette Hérode – Février 2021
1. Le terme ‘amigrant’ est un néologisme créé par Ciréfasol fusionnant les mots ‘ami’ et ‘migrant’.